En marche vers l’action!

Chapeautée par le Centre de mobilité durable de Sherbrooke (CMDS), la journée d’inspiration et d’idéation du 1er décembre a permis de regrouper une cinquantaine de personnes autour d’un même thème, celui de la mobilité de demain. L’enjeu est important puisque la mobilité durable est un outil puissant de réduction des gaz à effet de serre, dans notre ère de réchauffement climatique. A ce jour, le transport représente la première cause de rejet de GES dans l’atmosphère au Québec.

Les discours d’entrée donnent le ton la journée : l’heure est à la recherche de solutions. La mairesse Beaudin en a profité pour rappeler que l’objectif est de permettre aux Sherbrookoises et Sherbrookois de se passer d’une deuxième voiture et, pourquoi pas, de songer à délaisser la première. La réalité du territoire et de la vie en région rend cet objectif aussi ambitieux que réaliste, deux mots qui vont si bien ensemble.

Marc Denault, conseiller municipal et le président du CMDS et de la STS a aussi rappeler que la STS n’a pas réduit son offre de service, malgré la pandémie qui a réduit significativement l’achalandage et malmené son budget. La raison invoquée peut paraitre simple mais elle coule dans le béton un pilier majeur de la mobilité durable : le transport collectif est un service essentiel. Il est important de mettre en exergue le fait que cette base est dorénavant acquise, tous les intervenants s’entendaient sur ce point.

La question, dorénavant, est de bâtir sur cette base un service de transport structurant, fiable, sécuritaire, adapté et confortable. Si le transport collectif est un service essentiel, il importe maintenant qu’il devienne un outil indispensable. Son corollaire évident, le transport actif comme la marche et le vélo, figurait également parmi les invités d’honneur dans les discussions de la journée.

Des exemples inspirants

Inutile de vouloir réinventer la roue, même lorsqu’il est question de mobilité. C’est dans cette optique que plusieurs orateurs inspirants se sont succédés sur l’estrade, afin d’y partager des concepts prometteurs et des exemples inspirants de mobilité au Canada et dans le reste du monde (Vancouver, Grenoble, Toulouse, Lausanne,…). Tous les intervenants partageaient le même constat : faire le choix d’une mobilité durable implique une bonne densification.

Lors de sa présentation sur la ville de Lausanne, Dominic Villeneuve, professeur adjoint de transport et mobilité de l’Université Laval, a émis l’opinion que l’offre structurante est préliminaire à la densification. Si les deux vont de pairs, la première est garante de la seconde.

De son côté, Amandine Rambert de l’organisme Vivre en Ville a attiré l’attention sur les pièges d’une ville avec trop de pôles spécialisés. Selon elle, il est plus efficace d’avoir moins de pole spécialisés en misant sur les plus intéressants, pour offrir une meilleure accessibilité et une plus grande synergie économique. En mode solutions, elle a également profité de sa tribune pour présenter l’outil «  Localisation écoresponsable des bureaux ».

Une recherche de solutions

L’échange entre tous les panelistes étaient également très instructif, surtout parce qu’il permettait d’illustrer les grandes similarités de la vision de la mobilité durable qui unit les urbanistes et les professionnels de la mobilité. Un système transport de qualité implique, selon eux, une grande fiabilité, un réseau structurant et sécuritaire ainsi qu’un confort pour l’utilisateur.

Selon l’un d’eux, « on sait ce qu’il faut faire, maintenant il faut le courage de le faire », mais aussi trouver comment s’adresser à celle et ceux qui ne sont pas utilisateurs mais qui pourraient le devenir.

Dans cette recherche des outils pour favoriser le passage à l’action, les panélistes ont notamment abordé l’importance de bâtir une acceptabilité sociale et la nécessité d’une exemplarité municipale, de miser sur la qualité de vie qu’offre un bon réseau de mobilité durable, de s’intéresser au marketing social et aux incitatifs économiques. « On finance individuellement le transport collectif et on subventionne collectivement le transport individuel. »

Sans surprise, la fiscalité s’est taillé une place de choix parmi les outils concrets qui peuvent aider à rendre la mobilité durable. A cet égard, André Lavoie a soulevé un point qui est revenu à plusieurs occasions durant la journée ; la taxation de l’essence pour financer le transport en commun. Il rappelle que toutes les municipalités ont ce droit, il est d’avis que le potentiel de la loi 122 n’est pas encore suffisamment exploité. Parmi les autres solutions nommées : la tarification kilométrique, le retour des péages ou encore la gratuité du réseau. Ce dernier point a fait l’objet d’un débat : plusieurs craignent que la gratuité ne surcharge rapidement le réseau, sans pour autant diminuer le nombre d’autos.

Toujours en mode solutions, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie, en collaboration avec le Centre de mobilité durable de Sherbrooke, annonce en primeur le lancement de l’Escouade mobilité, afin d’offrir un service personnalisé aux organisations publiques ou privées qui veulent faire un pas dans la mobilité durable. 

L’atelier d’idéation

Enfin, l’atelier d’idéation tant attendu a permis de mettre en lumière de nombreux enjeux, réflexion et pistes de solutions.

D’une manière générale, la place de la voiture dans l’espace public dérange et est fortement remise en question. Toutefois, il importe de développer prioritairement un réseau structurant, sécuritaire et confortable avant de mettre en place des mesures dissuasives pour l’utilisation de l’auto-solo. Parmi les propositions, l’ajout de voies réservées pour les autobus est cité plusieurs fois ainsi qu’une meilleure connexion entre les différents réseaux de mobilité collective et active, comme les pistes cyclables.

Conclusion

Cette journée a eu le mérite de confirmer aux différents acteurs de la mobilité qu’ils partageaient tous la même ligne directrice : l’importance de développer un réseau de transport collectif et actif structurant qui est cohérent avec une bonne et saine densification.

Reste, dorénavant, à mettre en œuvre ce projet de société dans le délai imposé par l’urgence climatique, afin de contribuer à réduire drastiquement les émissions de GES. Si cette journée était notamment dédiée à la recherche de solutions, espérons que la prochaine sera l’occasion de faire une rétroaction sur les actions et les projets pilotes qui seront mis en œuvre prochainement.

Espérons également que ce défi permettra à Sherbrooke de briller : ainsi, le CMDS pourrait bien être invité à présenter la Ville de Sherbrooke comme exemple inspirant pour d’autres villes québécoises… ou ailleurs dans le monde.

Rapport rédigé par Coralie Beaumont

Sherbrooke, le 6 décembre 2021